Renart, accompagné d’Hermeline, regagna Maupertuis à petites journées. Là, les bons soins et surtout l’affection dévouée de son épouse le remirent encore une fois sur pieds.
Mais Renart n’est plus Renart. Précocement vieilli, impotent, valétudinaire, il a dit adieu aux grandes expéditions et se contente d’une chasse honnête autour de ses domaines.
Il a surtout renoncé aux malices, qui firent son exécrable célébrité. Quand il songe à sa vie passée, il la regrette et s’étonne même d’y avoir pris tant de plaisir ; car elle ne fut exempte ni d’accidents ni de déboires. S’il berna les autres, il fut berné plus souvent qu’à son tour.
Dans l’impossibilité où il se trouve de réparer le mal qu’il a fait, il cherche à empêcher que ses enfants ne l’imitent. Il ne peut pas grand-chose en ce qui concerne Malebranche et Percehaye, qui courent le monde et sont, par malheur, d’assez mauvais garçons ; mais il élève de son mieux le jeune Rovel et se promet d’en faire autant pour les petits renardeaux qui lui naîtront dans l’avenir. Ses conseils, il faut l’espérer, vaudront mieux que ses exemples.
Le sage Brichemer, la bonne Metbé, Baudoin, Belin, qui a pardonné, et le fidèle Grimbert viennent le visiter de temps en temps et l’entretiennent dans ces pensées édifiantes.
Et Renart, qui prend grand plaisir dans leur amitié paisible, murmure parfois avec un mélancolique retour en arrière :
Mieux vaut pourtant la brise que l’aquilon ; mieux vaut l’amour que la haine.
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