Revenant de Troie avec sa flotte, Ulysse et ses compagnons font une excursion chez les Cicones, qui les repoussent.
C’est Ulysse lui-même qui nous raconte ses aventures, parsemées d’épreuves et de difficultés, depuis son départ de Troie jusqu’à son arrivée dans l’ile d’Ogygie, où régnait la déesse Calypso.
Je ne dois pas retarder plus longtemps le récit des malheurs que Jupiter n’a cessé de semer sur ma route, après mon départ de Troie.
J’eus à peine mis à la voile, que le vent me porta sur la côte des Cicones, peuple ennemi. J’attaquai leur capitale, Ismare, et m’en rendis maître. Leurs femmes, leurs richesses, furent notre butin. J’étais d’avis qu’on repartît aussitôt, de peur de représailles. Malheureusement ce conseil ne fut pas suivi.
Pendant que mes compagnons, restés sur le rivage, se livraient aux plaisirs et à la bonne chère, les Cicones appelèrent à leur secours leurs voisins plus nombreux et plus vaillants. Ceux-ci, dès le jour suivant, arrivèrent en nombre, et, se rangeant en ordre de bataille près de nos vaisseaux, nous livrèrent un combat furieux.
Tant que dura le jour, nous pûmes résister, malgré notre infériorité en nombre ; mais, à la nuit, leurs masses eurent l’avantage et nous forcèrent à la retraite. Nous eûmes à déplorer la mort de six compagnons par vaisseau.
Je repris tristement la mer avec les autres, non sans avoir, autant que nous le pouvions, rendu les derniers honneurs aux infortunés dont, hélas ! , nous abandonnions les corps dans ce champ funeste.
Bientôt s’éleva une horrible tempête. Le vent déchaîné emporta nos vaisseaux et, s’engouffrant dans les voiles, menaça de les déchirer. Pour éviter notre perte, nous les avons amenées et ferlées, heureux de pouvoir gagner péniblement à la rame une rade voisine. Là, nous demeurâmes, pendant deux jours et deux nuits, étendus sur le rivage, accablés de fatigue et de chagrins.
La bataille avec les Cicones, par Friedrich Preller l’Ancien
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