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Photo du rédacteurLucienne

21 - Euryclée, reconnaît Ulysse.

Ulysse et son fils transportent les armes dans le haut du palais. Ulysse voit Pénélope et, dans un entretien, lui prouve qu’il connaît son époux et lui assure qu’elle le verra bientôt. Prenant un bain, assisté d’Euryclée, celle-ci le reconnaît à une cicatrice qu'il avait à la jambe.

Ulysse, resté dans la salle, se concertai avec Minerve sur les moyens à employer pour exterminer les chefs. Bientôt il s’adressa à Télémaque :

« Mon fils, transportons, sans perdre un moment, dans le haut du palais, toutes les armes qui sont en ce lieu. Si les chefs, ne les voyant plus, te font des questions à ce sujet, tu leur répondras, d’un ton de simplicité et de manière à n’éveiller aucun soupçon : “Je les ai mises à l’abri de la fumée ; on ne reconnaît plus, tant la vapeur et la rouille les ont gâtées, les armes qu’Ulysse me laissa en partant pour Troie. J’ai craint surtout, inspiré sans doute par un dieu, que le vin n’excitât parmi vous des querelles et des combats. Quelle honte ce serait si, tandis que vous recherchez la main de ma mère et vous livrez aux plaisirs du festin, le sang allait couler ! Le fer attire l’homme et l’excite au carnage.”

Docile à la voix de son père, Télémaque appela Euryclée :

— Ma nourrice, lui dit-il, ne laisse point sortir les femmes de leur appartement, pendant que je transporterai secrètement les armes dans le haut du palais. Je crains que la fumée n’achève de les détériorer.

— J’admire ta prudence, répondit Euryclée. Puisse-t-elle te conserver ta maison et tes biens ! Mais, tandis que tu monteras ces armes dans les escaliers, ne veux-tu pas qu’une de nous porte un flambeau devant toi ? Qui t’éclairera ?

—  Cet étranger, répondit Télémaque. Oui, ce vieillard. Tu peux juger par là que désormais je ne laisserai pas oisif celui qui vit de mon pain. »

Euryclée obéit, et ferma à l’instant les portes du gynécée (1). Aussitôt Ulysse et son fils emportèrent les casques, les javelots, les boucliers et toutes les autres armes.

Minerve elle-même éclaira leurs pas. Invisible, elle marchait devant eux, tenant un flambeau d’or qui répandait dans tout le palais une vive et céleste lumière.

Télémaque en fut étonné.

« Ô mon père, dit-il, quel prodige ! Je n’en puis douter, un dieu de l’Olympe est ici.

— Silence ! répondit Ulysse, ne me questionne pas : renferme tes sentiments dans ton sein. Les dieux de l’Olympe ont le pouvoir, en restant invisibles, de se manifester par une lumière surnaturelle. Maintenant va prendre du repos. Moi, je reste, afin de mieux observer encore les femmes du palais, et aussi d’entretenir ta mère qui désire me parler. »

Télémaque, à la clarté des flambeaux, se rendit dans la chambre où il avait l’habitude de goûter le sommeil. Là, étendu sur sa couche, il aspira au retour de l’aurore.

Ulysse, resté seul, continua de préparer avec Minerve les moyens d’assurer sa vengeance. Alors Pénélope descendit. Un siège lui avait été préparé. Des esclaves accoururent remettre l’ordre et la propreté dans la salle. Elles emportèrent les pains nombreux, et les tables, et les coupes dans lesquelles les prétendants insolents avaient bu. Et elles jetèrent à terre le feu des torches et amassèrent, par-dessus, du bois qui devait les éclairer et les chauffer.

Ulysse fut attentif à tout. Il observa la conduite, écouta les discours de chacune de ces femmes, Mélantho s’en irrita encore et lui prodigua les outrages et les menaces. Ulysse aurait pu les dédaigner et ne pas répondre, il préféra parler, donna ses raisons et l’emporta par son esprit, par sa sagesse, comme, bientôt, il allait l’emporter par la force et par le courage.

Mais Pénélope, qui avait tout entendu, adressa à Mélantho cette réprimande sévère :

« Je connais ta façon d’agir ; sois sûre que cela te sera préjudiciable. Tu savais, car je l’ai dit devant toi, que je voulais entretenir cet étranger au sujet de mon époux. Et tu prends ce moment pour le poursuivre de ta langue envenimée !... Toi, ma fidèle Eurynome, apporte ici un siège ; couvre-le d’un tapis ; que l’étranger, assis près de moi, puisse entendre les questions que je veux lui poser, et puisse y répondre.

Eurynome s’empressa d’exécuter cet ordre. Pénélope dit :

— Étranger, permets que je commence par cette question : Quel est ton nom ? Quel est ton pays ? À quelle famille appartiens-tu ? 

[ Je ne reproduirai pas le long entretien d’Ulysse et de Pénélope. De la bouche de celle-ci vous n’entendriez que ce que vous savez déjà, et de celle d’Ulysse, qui ne veut pas encore se découvrir, que des faits inventés, mais exposés d’un ton si naturel et avec tant d’adresse, que Pénélope y ajoutait sa force de conviction, et versa des larmes chaque fois que le nom d’Ulysse se trouva mêlé au réel. Un doute cependant, dont elle ne put se défendre, s’éleva dans son esprit : Ce vieillard qui parlait d’Ulysse, qui disait l’avoir vu, l’avoir reçu dans son palais, l’avait-t-il vu en effet ? Le connaissait-il ? C’était là la question, c’était ce qu’elle voulait éclaircir. ]

« Étranger, dit-elle, je te crois. Souffre cependant que je soumette ta véracité à une épreuve. Pour m’assurer pleinement que tu as reçu, comme tu l’affirmes, mon époux et ses compagnons dans ton palais, décris-moi ses vêtements, sa figure, sa taille, celles d’un de ceux qui le suivaient.

— Ô reine, répondit Ulysse, il est bien difficile, après si longtemps, de se rappeler ces détails. Quelques-uns cependant sont restés dans ma mémoire. Ulysse était vêtu d’un ample manteau de pourpre de laine fine et moelleuse, attaché par une magnifique agrafe d’or. Une riche broderie l’ornait sur le devant. Elle représentait un limier (2) tenant un faon (3) entre ses pieds et plongeant des regards avides sur sa proie. Ces animaux, dont la matière était d’or, semblaient être vivants, tant l’ouvrage était parfait.

On voyait le limier prêt à dévorer le faon, et le faon qui s’efforçait de fuir en se débattant. Sa tunique était d’une blancheur éblouissante. Ces vêtements étaient si merveilleusement beaux que les femmes les contemplaient avec admiration.

Un héraut, un peu plus âgé qu’Ulysse, l’accompagnait. Je puis te le dépeindre. Il avait les épaules hautes et épaisses, le teint basané, les cheveux crépus. Il s’appelait Eurybate. Il y avait entre Ulysse et lui la plus grande affinité de volonté, d’amour pour la justice et de piété. Aussi Ulysse le distinguait-il de tous ses autres compagnons.

À ces signes dont l’évidence ne lui laissait aucun doute, Pénélope répandit de nouveaux torrents de larmes.

— Ô mon hôte, dit-elle, si j’ai d’abord compati à ton sort malheureux, je veux dorénavant t’honorer et te chérir. C’est moi qui donnai à mon époux, quand il partit, ces vêtements, ouvrage de ma main. Moi-même j’y attachai cette belle agrafe d’or. Mais hélas ! , je ne le reverrai plus ; un destin trop fatal l’entraîna vers cette Troie que je déteste !

— Ô femme vénérable d’Ulysse, répondit le héros, je ne puis condamner tes larmes pour un époux que tu crois perdu pour toujours. Mais calme ta douleur et sois sûre que je vais parler sans déguisement. Ulysse vit ; il est près d’ici, chez les Thesprotes. Il hâte son retour, et t’apporte des trésors qu’il reçut, en présent, des princes et des peuples. Quant à ses compagnons, ils ont tous péri avec le vaisseau dans une tempête. Mais lui, il respire, il est près de reparaître. J’ose te l’affirmer par un serment. Oui, j’atteste Jupiter et ce foyer d’Ulysse où je suis, que tu verras l’accomplissement de mes paroles. Avant que l’année expire, que dis-je ? Avant qu’un mois s’écoule, tu reverras Ulysse.

— Veuille le ciel confirmer tes promesses, dit la vertueuse Pénélope. Comme je te comblerais des marques de ma bienveillance ! En te voyant, chacun dirait : qu’il est heureux ! Mais je ne me flatte point de cette espérance. Ulysse ne rentrera point dans ce palais, et tu risques de n’y pas trouver les secours nécessaires pour retourner dans ta patrie. Il n’est plus ici d’Ulysse... Hélas ! , en fût-il un ? N’était-ce pas une illusion ? Il n’est plus d’Ulysse pour honorer les étrangers qui en sont dignes, et les renvoyer sûrement dans leur pairie.

En attendant, femmes, je vous l’ordonne, traitez ce vieillard avec distinction ; baignez ses pieds, faites-lui un lit de nos meilleurs tapis et de nos plus riches couvertures. Qu’il y soit couché mollement. Demain, dès qu’il sera levé, vous le mènerez au bain, vous le parfumerez d’essences. Après le bain, il prendra son repas dans cette salle avec Télémaque.

Malheur à l’esclave qui lui manquera d’égards ! Car, ô mon hôte, comment justifierais-je les éloges que tu m’as donnés, si je te laissais asseoir à nos repas, couvert de haillons, souillé de cendre et de poussière ? Notre vie est bornée à peu de jours, mais on peut en faire, par le bien, un joyau inestimable.

L’homme dur, inhumain, est, aussi longtemps qu’il vit, l’objet de la haine publique. Elle le poursuit de malédictions, même après sa mort. Celui qui est bon, humain, peut être sûr que son nom sera prononcé partout avec éloge. Lors même qu’il n’est plus, on bénit encore sa mémoire.

— Femme accomplie, dit Ulysse, les superbes habits, les lits où l’on est couché mollement, les bains même me sont devenus odieux depuis que, par suite de mes malheurs, j’en ai perdu l’habitude. Laisse-moi donc continuer à m’étendre à terre, sur la plus vile couche, le plus souvent sans fermer les paupières. Mais j’accepterai un bain de pieds. Si tu as ici quelque femme âgée, que ma misère et mes haillons ne rebutent pas, dis-lui de m’en préparer un.

— Cher étranger, répondit Pénélope, j’ai une femme fort âgée, la nourrice même de celui que je pleure. C’est elle qui baignera tes pieds. Lève-toi donc, ma bonne Euryclée, et rends cet office à ce vieillard qui, par l’âge et le malheur, est l’image de ton maître. Hélas ! , je me le représente tel que cet étranger, la démarche pesante et les bras défaillants, car l’infortune a bientôt vieilli l’homme. »

À ces mots Euryclée, couvrant son visage de ses mains, répandit des pleurs et s’écria :

« Ô mon fils chéri, toi que j’ai nourri de mon lait, est-ce que Jupiter n’aura pas pitié de toi, si pieux envers lui, et qui répandis en son honneur le sang de tant d’hécatombes ? Peut-être, comme toi, ô vénérable vieillard, des femmes arrogantes l’insultent dans quelque palais étranger. Cette idée seule, quand ma maîtresse ne me le commanderait pas, me rendrait contente de te laver les pieds. Mais j’ai une autre raison de m’intéresser vivement à toi. En te voyant, je me sens tout émue. Écoute, en voici la cause : nombre d’étrangers malheureux sont venus dans ce palais, mais je n’en ai pas vu un seul dont la ressemblance avec Ulysse fût aussi frappante. C’est là sa stature, sa démarche ; le ton de ta voix est le sien.

— Bonne vieille, répondit Ulysse, ton œil ne t’a point trompé. La ressemblance entre Ulysse et moi est en effet complète. Tous ceux qui me connaissent disent que celui qui m’a vu a vu Ulysse. »

Pendant que la bonne Euryclée lavait les pieds d’Ulysse, celui-ci, qui était auprès du feu, fit un mouvement d’épaules pour intercepter la lumière et empêcher qu’Euryclée ne vît une cicatrice qu’il avait à la jambe. Mais, soit hasard, soit qu’un vague soupçon eût excité sa curiosité, la vieille aperçut et reconnut la cicatrice.


Euryclée reconnait Ulysse à sa blessure, par William Russel Flint

Euryclée reconnait Ulysse à sa blessure, par William Russel Flint


Jadis il avait été blessé par la défense d’un sanglier dans une chasse que son aïeul, Icarios, donnait en son honneur sur le mont Parnasse. Le sanglier venait d’être débusqué par les chasseurs, d’un épais buisson, quand le jeune Ulysse se précipita pour le percer de sa lance ; mais le sanglier, d’un coup de défense, atteignit le prince au-dessus du genou et, sans pénétrer jusqu’à l’os, lui fit une large blessure. Ulysse, déjà intrépide, n’en porta pas moins un coup mortel à l’animal qui expira.


Ulysse, dans une chasse, est blessé à la jambe par un sanglier, par N. C. Wyeth

Ulysse, dans une chasse, est blessé à la jambe par un sanglier, par N. C. Wyeth


Illustration de Jan Styka


La plaie fut bientôt guérie, mais la cicatrice resta. Quand le jeune Ulysse revint à Ithaque, son père et sa mère lui posèrent naturellement beaucoup de questions, mais particulièrement sur cette cicatrice qu’il leur montra et dont il leur raconta toute l’histoire. C’est elle que la vieille Euryclée toucha et reconnut. Dans son saisissement, elle laissa tomber le pied d’Ulysse ; la cuve était renversée, l’eau se répandit de toutes parts. La nourrice, éperdue, demeura un instant comme folle et anéantie. Enfin elle s’écria :

« Tu es Ulysse, je n’en doute point. Ô mon cher fils, je n’ai donc reconnu mon maître qu’après ravoir touché de mes mains ! »

Déjà, se tournant vers Pénélope, elle était prête à lui annoncer que son époux était arrivé. Heureusement, par le pouvoir de Minerve, la reine, absorbée dans le sentiment qui ne la quittait guère, ne prêtait point attention à ce qui se passait pour ainsi dire sous ses yeux. Mais Ulysse, serrant d’une main le cou d’Euryclée pour qu’elle ne pût parler, de l’autre l’attirant à lui :

« Ma nourrice, dit-il à voix basse, veux-tu me perdre ? Tu m’as reconnu, un dieu l’a permis ; mais garde le secret, garde-le pour tout le monde. Il y va de ma vie, peut-être de la tienne !

— Peux-tu douter, répondit Euryclée, de ma discrétion ? Je garderai ton secret au fond de mon cœur, et ce cœur sera impénétrable comme un rocher. Je te promets encore autre chose. Que les dieux te rendent vainqueur de tes ennemis, je te nommerai les femmes qui te trahissent, et celles qui te sont demeurées fidèles. »

Après qu’Euryclée ait préparé un autre bain, baigné et parfumé les pieds de son maître, elle s’éloigna, et Pénélope, s’approchant de l’étranger, lui dit :

« J’ai à te parler encore. Je voudrais te consulter sur un point bien important. Je suis vivement combattue entre deux partis contraires. Dois-je demeurer auprès de mon fils et, respectant le lit de mon époux et ma renommée, continuer de veiller sur mes biens, sur mes femmes et sur ce palais, ou, cessant de lutter contre ma destinée, accepter, quoique mon cœur y résiste, un nouvel époux ?


Ulysse - Pénélope - Illustration de William Russel Flint

Illustration de William Russel Flint


Tant que mon fils a été dans l’âge faible de l’enfance, rien n’eût pu me déterminer à former d’autres nœuds et à quitter la maison de mon époux. Maintenant qu’il entre dans l’adolescence, il désire lui-même que je puisse me vaincre et prendre le second parti, tant il souffre de voir son palais déshonoré et ses richesses au pillage.

Écoute maintenant ce que j’ai vu en songe, et sois-en l’interprète. J’élève dans ma cour une couvée d’oisons, et m’amuse quelquefois à les voir dévorer le grain que je leur jette. Je prenais ce passe-temps, quand tout à coup un aigle, se précipitant du sommet d’une montagne, fondit sur eux et fit un massacre de la troupe entière ; puis il repartit vers les cieux.

Ce n’était qu’un songe, et cependant je poussai des gémissements, je versai des larmes. Toutes les femmes les plus distinguées d’Ithaque me paraissaient rassemblées autour de moi pour me consoler, sans pouvoir y parvenir.

L’aigle redescendit alors du haut des airs et, se perchant sur le bord avancé du toit, il prit une voix humaine et me dit : “ Calme ta douleur, illustre Pénélope, ce n’est pas là un vain songe, mais l’image d’un spectacle réel que t’annoncent les dieux, et qui fera ta satisfaction. Ces oisons, nourris dans ta cour, te figurent la troupe de tes amants. Moi je suis, sous la forme d’un aigle, ton époux qui revient enfin te délivrer d’eux.”

Je me réveillai à ces mots, et me hâtai de regarder dans la cour. J’y revus les mêmes oisons, tous en vie, et prenant leur pâture.

— Ô reine, dit Ulysse, ton songe s’interprète lui-même. Ulysse t’annonce son retour et la perte entière des prétendants.

— Les songes, reprit Pénélope, sont souvent trompeurs. L’événement ne les confirme pas toujours. J’ai bien peur qu’il n’en soit ainsi du mien. Non, je ne peux croire à tant de bonheur. Mais voici ce que j’ai résolu ; écoute bien attentivement : le moment fatal approche où je vais être contrainte de quitter pour jamais le palais d’Ulysse. Je veux que mon choix entre les rivaux dépende d’une lutte assurément bien difficile.

Je vais faire dresser dans la cour douze poteaux d’airain, que l’infortuné avait coutume d’y ranger lui-même, avec autant d’art et de sûreté de coup d’œil qu’on place le gouvernail d’un vaisseau. Il faisait voler, d’une très-grande distance, sa flèche à travers les bagues dont les poteaux étaient surmontés.

Voilà l’épreuve à laquelle je veux soumettre la force et l’adresse de ceux qui prétendent à ma main. Si quelqu’un réussit à tendre l’arc fameux d’Ulysse, et si sa flèche traverse les douze bagues, qu’il soit déclaré vainqueur et qu’il m’emmène loin de ce palais, où s’écoula ma jeunesse, où je fus si heureuse et dont le souvenir me reviendra jusque dans mes songes.

— Femme vénérable d’Ulysse, répondit l’étranger, propose-leur sans délai ce combat. Avant qu’aucun de ces rivaux indolents et amollis parvienne à courber l’arc, avant qu’aucune de leurs flèches ait franchi les bagues, tes yeux reverront Ulysse.

— Étranger, dit Pénélope, je passerais la nuit entière dans le charme de cet entretien ; mais l’homme est trop faible pour soutenir une continuelle privation de sommeil. Il doit en tout respecter les bornes que les dieux assignèrent aux mortels sur cette terre. Je vais donc remonter à mon appartement, et y chercher un repos, bien souvent, hélas ! , troublé par mes larmes et mes gémissements. Toi, goûte le sommeil sous notre toit, et, puisque tu le veux, que tes mains, ou celles de mes serviteurs, te préparent à terre une humble couche. »


(1)Nom de l’appartement des femmes.

(2)Chien de chasse.

(3)Le petit d’une biche.




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