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  • Photo du rédacteurLucienne

Pierre Lapin

... un conte de Beatrix Potter

… texte et illustrations du domaine public


Je vous conseille, en plus de la lecture du conte, cette adaptation très réussie réalisée par la BBC.

Image de couverture : Virginia Watson

Image de couverture : création personnelle réutilisable, licence CC-by-nc



Il était une fois quatre petits lapins qui s’appelaient : Flopsaut, Trotsaut, Queue-de-Coton, et Pierre.

Ils demeuraient avec leur mère dans un terrier sablonneux, creusé sous les racines d’un très grand sapin.


Beatrix Potter Pierre Lapin

« Aujourd’hui, mes chéris, dit mère Lapin, je vous permets d’aller dans les champs ou de descendre le sentier. Mais n’entrez pas dans le jardin de M. Mac Grégor ! Un accident affreux est arrivé à votre pauvre père dans ce maudit jardin. Il fut attrapé et mis en pâté par Madame Mac Grégor. »


Beatrix Potter Pierre Lapin

« Maintenant, sauvez-vous, et ne faites pas de bêtises. Moi, je vais chercher des provisions. »


Beatrix Potter Pierre Lapin

Maman Lapin prend son panier et son parapluie. Elle traverse le bois et s’en va chez le boulanger acheter une miche de pain bis et cinq brioches aux raisins.


Beatrix Potter Pierre Lapin

Flopsaut, Trotsaut et Queue-de-Coton, qui étaient des petits lapins très sages, dévalèrent le sentier pour aller cueillir des mûres.


Beatrix Potter Pierre Lapin

Mais Pierre, qui était plus espiègle, courut tout droit au jardin de M. Mac Grégor et s’aplatit pour se faufiler sous la barrière.


Beatrix Potter Pierre Lapin

Le jardin de M. Mac Grégor est rempli de légumes : des légumes frais, verts, exquis. Pierre n’en a jamais vu autant. Il mange des haricots, il mange des laitues, enfin, il mange des radis. C’est un peu dur les radis, mais tellement appétissant !


Beatrix Potter Pierre Lapin

Pierre en mange trop, il a mal au cœur. « Si seulement je trouvais un peu de persil, se dit-il. C’est très recommandé , le persil, en cas d’indigestion ! »


Beatrix Potter Pierre Lapin

Point de persil : il ne trouve que des concombres. Mais qui donc est là, au tournant du châssis ? C’est M. Mac Grégor !


Beatrix Potter Pierre Lapin

M. Mac Grégor était à quatre pattes, en train de planter des choux. Il se leva d’un bond, saisit un râteau, et s’élança à la poursuite de Pierre, en criant à tue-tête :

« Au voleur ! Au voleur ! »


Beatrix Potter Pierre Lapin

Pierre est mort de peur. Il bondit au travers du jardin, perd son chemin, et ne peut retrouver la barrière. Un de ses sabots reste parmi les choux-fleurs ; il égare l’autre au milieu des pommes de terre.


Beatrix Potter Pierre Lapin

Un lapin court mieux pieds nus, et certainement beaucoup plus vite. Par malheur, Pierre rencontre un groseillier recouvert d’un filet. Il y reste suspendu par les larges boutons de sa jaquette. Quelle imprudence de porter un habit à larges boutons parmi les groseilliers ! C’était une jaquette bleue, toute neuve, avec des boutons dorés.


Beatrix Potter Pierre Lapin

Pierre se crut perdu, et fondit en larmes. De gentils moineaux entendirent ses sanglots et volèrent à son secours. « Du courage, petit lapin ; ôtez votre habit ! Vite ! Vite ! Dépêchez-vous ! Voici M. Mac Grégor ! »


Beatrix Potter Pierre Lapin

Mac Grégor arrivait avec un tamis. Il voulait le lancer sur le dos du lapin. Pierre se tortilla si bien qu’il put se sauver à temps, en laissant sa jaquette accrochée au filet.


Beatrix Potter Pierre Lapin

Il bondit vers une cabane dans laquelle M. Mac Grégor rangeait les objets nécessaires au jardinage. Pierre aperçoit un arrosoir, il s’y précipite. C’eût été une très bonne cachette : malheureusement, il y avait de l’eau dedans !


Beatrix Potter Pierre Lapin

M. Mac Grégor avait bien vu Pierre entrer dans la cabane aux outils. « Il se sera caché sous un pot de fleurs ! » se dit-il. Il soulève chaque pot avec précaution, espérant saisir le lapin. « Atchoum ! Atchoum ! » fait Pierre dans son arrosoir, car l’eau est assez froide. « Tiens, tiens, dit M. Mac Grégor, un arrosoir qui éternue ! » Et il s’élance de ce côté.


Beatrix Potter Pierre Lapin

Un petit corps brun et mouillé passe sous le nez de M. Mac Grégor, franchit la fenêtre et renverse trois pots de fleurs. M. Mac Grégor veut le poursuivre, mais la fenêtre est trop petite : seule sa botte y peut passer. Las et découragé, il prend le parti de retourner planter ses choux.


Beatrix Potter Pierre Lapin

Pierre s’assied pour se reposer. Il est essoufflé, tout trempé et tremblant. Le plus fâcheux, c’est qu’il n’a pas la moindre idée du chemin qu’il doit prendre pour retrouver la barrière ! Il erre de ci, de là, à petits pas, petits pas, en regardant tout autour de lui.


Beatrix Potter Pierre Lapin

Il y a une porte dans la muraille, mais cette porte est fermée à clef. Pas moyen pour un petit lapin bien gras et bourré de légumes de se glisser dessous. Justement une vieille souris franchit le seuil. « Madame Souris, savez-vous où se trouve la barrière du jardin ? » Mais la souris porte un gros pois dans la bouche. Impossible de parler : elle se contente de hocher la tête. Pierre se met à pleurer.


Beatrix Potter Pierre Lapin

Puis, tout à coup, il part droit devant lui au travers des plates-bandes. Voici le bassin où M. Mac Grégor remplit ses arrosoirs, bien sûr ! Une chatte blanche se tient au bord, immobile, guettant les poissons rouges. Seul, le bout de sa queue va et vient comme un balancier. La chatte n’a pas vu Pierre : « Ce qu’il y a de mieux à faire, pense-t-il, c’est de s’éloigner sans un bruit. Mon cousin Jeannot m’a dit beaucoup de mal des chats ! »


Beatrix Potter Pierre Lapin

Il revient sur ses pas au travers des légumes. Rien ne tente quand on a bien mangé et qu’on a perdu son chemin. Mais quel est ce bruit ? Scrou, scrou, scrr… Impossible de voir : les choux sont trop hauts. Pierre saute sur une brouette. Ciel ! Encore M. Mac Grégor : il ratisse les oignons. Mais derrière son dos, voici enfin la porte !


Beatrix Potter Pierre Lapin

Pierre descend doucement de la brouette, puis détale à toutes jambes le long des cassis. Il faut passer tout près de M. Mac Grégor qui l’a vu, mais tant pis, car voici la barrière. Il y touche… La voilà franchie… Maintenant, il est en sécurité dans le bois.


Beatrix Potter Pierre Lapin

M. Mac Grégor ramasse la petite jaquette et les sabots pour en faire un épouvantail ! Mais les oiseaux les reconnaissent et n’en ont pas peur.


Beatrix Potter Pierre Lapin

Pierre court, sans se retourner, jusqu’à son terrier creusé sous le gros sapin. Il se laisse tomber sur le sable doux, et ferme les yeux. Maman Lapin est là qui fait la cuisine.

« Hé, petit, qu’as-tu fait de ta jaquette et de tes sabots ? »

Pas de réponse, Pierre est endormi. Son sommeil est agité, il dresse les oreilles et il sursaute. Sans doute il rêve qu’il court encore. Maman Lapin est fort mécontente : c’est la seconde fois, en quinze jours, qu’il perd sa jaquette et ses sabots.


Beatrix Potter Pierre Lapin

Hélas ! Pierre fut malade toute la soirée. Sa maman le mit au lit et lui fit prendre de la camomille. « Une cuillerée avant de dormir. » C’est très amer, mais fort digestif !


Beatrix Potter Pierre Lapin

Quant à eux, Flopsaut, Trotsaut et Queue-de-Coton eurent du pain, du lait et de bonnes mûres pour leur souper.


Beatrix Potter Pierre Lapin

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