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Le procès du petit hibou

J'offre gracieusement toutes mes traductions inédites illustrées. Vous pouvez les retrouver sur l'Arche de Noé des contes, catégorie INÉDITS.


Le procès du petit hibou peut être LU en ligne ci-dessous, ou TÉLÉCHARGÉ sur la page :





Le conte...

Bébé Hibou décide d’aller explorer le vaste monde. Mais il est bien jeune encore, et surtout bien naïf… ce qui va inciter quelques coquins à lui jouer un vilain tour !

Voici un joli conte éducatif, agréablement illustré !

Cette lecture peut séduire un enfant, soit en autonomie, en histoire du soir, ou encore dans le cadre de l’école à la maison.

De plus, l’histoire présente d’amusantes scènes de la vie animale, qui peuvent donner envie à un enfant curieux d’en savoir plus sur les animaux présentés, ouvrant la voie à de plus amples recherches.

William Foster (1853-1924) fut un illustrateur britannique, particulièrement talentueux et prolifique. Il est ici l’auteur à la fois du texte et des illustrations qui l’accompagnent.


L'auteur...

William était le second fils du célèbre aquarelliste et illustrateur de livres Myles Birket Foster, et le seul de ses enfants à devenir artiste. Mr Foster avait construit un manoir de style Tudor appelé « The Hill », à Witley, dans le Surrey, afin de pouvoir peindre les scènes rurales qui ont fait sa célébrité. C’est là que William Foster a grandi.

Il naquit le 6 juin 1853, mais perdit sa mère en 1859. Il devait cependant avoir de bonnes relations avec sa belle-mère, Fanny, car il vécut avec ses parents jusqu’à ce qu’il épouse la nièce de Fanny, à l’âge de 51 ans.

William était un dessinateur ornithologique doué, ainsi qu’un photographe passionné. Il construisit des nichoirs, afin de pouvoir illustrer l’ouvrage British Birds in their haunts -Les Oiseaux de Grande-Bretagne dans leurs repaires -, de C.A. Johns.

En 1894, la famille quitte la grande maison de Witley et s’installe à Weybridge. Après la mort de Myles, en 1899, William et Fanny s’installèrent à Petworth, jusqu’au mariage de William en 1904.

Outre son travail ornithologique, William a illustré des livres pour enfants et a contribué à de nombreux périodiques.



Le procès du petit hibou


Cette histoire a commencé lors d’une magnifique journée d’été. Il faisait tellement beau, ce jour là, que Bébé Hibou, posé sur le rebord de son nid, tout en haut d’un vieux chêne recouvert de lierre, sentit que le moment était venu pour lui de quitter ses parents, et de prendre son indépendance. Jusque là, il n’avait pu apercevoir que des bribes de la campagne qui l’entourait, par les fentes de leur petite maison, située tout en haut d’une des branches de l’arbre. Il lui tardait de tout explorer !

Il s’agissait là d’un projet très ambitieux. Car Bébé Hibou n’avait encore jamais attrapé lui-même la moindre souris ou le moindre mulot, mais s’était contenté de l’accepter quand on lui en ramenait un, sans se demander d’où il venait, ni comment son papa ou sa maman se l’était procuré. Ses parents, essayèrent tendrement de le convaincre d’attendre encore un peu, mais sa décision était prise !

Il partit donc, arborant un chapeau neuf, particulièrement lustré, grâce auquel il espérait faire bonne impression.


Le procès du petit hibou William Foster Traduction de L'Arche de Noé des contes

Il marcha longtemps, avant de parvenir à un très grand champ, devant lequel il fit halte afin de l’admirer, en écarquillant ses yeux étonnés. C’est alors que deux compères à l’air rusé s’approchèrent de lui. L’un d’eux l’interpella :

« Eh toi ! Tu es de la campagne, n’est-ce-pas ? Ouais, on dirait que c’est le cas ! Moi aussi. Idem pour ma copine, ici présente. Madame la Pie, c’est son nom. Et moi, c’est Corbeau. Tu connais le coin ? Non ? Eh bien il faudrait qu’on te fasse un peu visiter … »


Le procès du petit hibou William Foster Traduction de L'Arche de Noé des contes

Corbeau continua sur sa lancée, débitant ses bavardages. Bébé Hibou le trouvait extrêmement sympathique. À tel point qu’en compagnie de ses nouveaux amis, il en venait à oublier complètement son ancien logis, ainsi que la présence chaleureuse de ses parents. Les deux compères l’accompagnèrent le temps d’une promenade en bordure du champ. La Pie jacassait continuellement, tout en faisant le pitre et en racontant des histoires amusantes. Ils s’arrêtèrent enfin en face d’une haie. Corbeau se pencha vers la Pie, en lui murmurant quelque chose à l’oreille.

« Eh, tu n’aurais pas envie de faire une petite partie de bowling ? Ah ! Tu ne connais pas ? Aucune importance, on t’apprendra ! lança Corbeau. Il se trouve que je connais un endroit où trouver des boules : par là, sous la haie. Pourrais-tu aller nous en chercher deux ? Ce serait bien aimable de ta part ! »


Le procès du petit hibou William Foster Traduction de L'Arche de Noé des contes

Effectivement, en se glissant sous la haie, Bébé Hibou trouva un petit renforcement dans lequel étaient nichées quatre ou cinq boules bien blanches. Il en ramena deux, sans comprendre la raison pour laquelle Corbeau et la Pie étaient pliés en deux pour s’empêcher d’éclater de rire. À peine eût-il posé les boules sur le sol, que les deux vilains plantèrent leurs becs dans l’une et l’autre. Le blanc et le jaune giclèrent, coulant de long des coquilles : c’étaient en réalité des œufs de poule !


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« Oh ! s’exclama bébé Hibou, stupéfait, c’est donc cela, le bowling ? Vous avez l’air de beaucoup aimer cela… C’est bon ?

— Ça oui ! Gloussa Corbeau, le nez recouvert de jaune d’œuf. Tu n’as qu’à aller te chercher une boule, toi aussi, si tu veux essayer !

C’est alors que la Pie, toujours sur le qui vive, s’écria :

— Quelqu’un vient ! »

Elle s’enfuit prestement, suivie par Corbeau.

À cet instant, la poule dont le nid venait d’être pillé bondit au milieu des coquilles brisées, manquant de renverser au passage Bébé Hibou, dont le chapeau fut projeté à terre.


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« Je vous prends en flagrant délit ! cria-t-elle. Regardez-moi ces coquilles vides ! Vous avez gâché toute ma couvée ! Je n’étais plus qu’à quatre jours du terme ! Oh ! Vous êtes un misérable ! »

Le pauvre Petit Hibou tenta de se défendre, mais en vain. Il dit qu’il ne savait pas que c’étaient des œufs, qu’il n’en avait mangé aucun, et que d’ailleurs, il n’aimait pas les œufs. Mais c’était trop tard ! Les gendarmes - de petits moineaux - arrivèrent, lui demandèrent son nom et son adresse, avant de l’emmener.


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Corbeau et la Pie étaient beaucoup plus costauds que les gendarmes. Ils les craignaient pourtant. En effet, les deux gaillards savaient fort bien que ceux-ci avaient l’habitude de bavarder avec le cuisinier du château auquel la poule appartenait. Or, si les gendarmes se plaignaient d’eux auprès de ce dernier, le bruit risquait d’arriver aux oreilles du jeune châtelain…, qui possédait un fusil et était fort bon tireur ! Il était donc dans l’intérêt de Corbeau et la Pie d’attirer le moins possible l’attention. Ils prirent leur envol aussi vite qu’ils le purent, abandonnant Bébé Hibou à son triste sort, et gloussant du mauvais tour qu’ils lui avaient joué.

Le pauvre petit tremblait sur ses pattes. Il aurait tout donné pour être de retour dans son petit nid douillet, au sommet du vieux chêne entouré de lierre.


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On l’emmena pour être jugé. À quelques lieues d’ici, siégeait un juge particulièrement expérimenté, qui se trouvait être un Grand Hibou. Un martinet fut envoyé pour lui demander de bien vouloir se déplacer. Deux autres juges de proximité furent rapidement trouvés, ainsi qu’un jury composé de douze petits oiseaux, d’espèces variées. Bébé Hibou avait raconté à qui voulait bien l’écouter le vilain tour que lui avaient joué Corbeau et la Pie : eux aussi avaient donc été cités à comparaître.


Le jour du procès arriva. La Cour de justice était réunie. Les trois juges, dont la sécurité était assurée par une nuée de gendarmes-moineaux, étaient assis en rang, l’air assoupi. Les jurés avaient leurs yeux et leurs oreilles grand ouverts. La plaignante - la poule dont la couvée avait été dérobée - était assise sur un banc, en compagnie de son époux. Le procès avait attiré de plus une foule de badauds, oiseaux et volailles mélangés, qui se pressaient afin de tout voir et de tout entendre. Enfin, Corbeau et la Pie étaient là également, assistés de leur avocat, une vieille Corneille particulièrement habile et rusée en matière de droit. On amena Bébé Hibou, entre deux gendarmes, et le procès commença.


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La poule exposa ses griefs. Elle raconta le vol qu’elle avait subi, et dans quelles circonstances elle avait trouvé Bébé Hibou devant les coquilles éventrées de ses œufs Puis elle se répandit en plaintes, et en jérémiades, faisant valoir combien il était difficile pour une pauvre poule à la fois de couver et de chercher sa propre nourriture, car son mari ne lui était pas en la matière d’une grande aide ! Les juges durent l’interrompre en lui demandant avec bienveillance, mais fermement, de bien vouloir se rasseoir. Bébé Hibou fut appelé à répondre aux accusations portées par la poule. Celui-ci raconta simplement la vérité : comment Corbeau et la Pie l’avaient trompé, en lui faisant croire qu’ils voulaient jouer au bowling en sa compagnie. Il admettait avoir volé les œufs, mais c’était sans le savoir et sans mauvaise intention.

La Corneille répliqua immédiatement, accusant le pauvre Petit Hibou de diffamation envers ses clients, deux innocents, qui n’avaient jusqu’ici fait de mal à personne ! Franchement, qui pourrait croire deux respectables citoyens capables d’inventer une telle histoire ! Un murmure d’approbation parcourut la foule des badauds. Le jury devait se retirer. Bébé Hibou sentit une grande angoisse l’étreindre. Il se rendait bien compte que la défense des deux méchants oiseaux avait marqué des points, et que le procès tournait en sa défaveur.

C’est alors qu’un minuscule roitelet bondit au milieu de l’assemblée. D’une petite voix pointue, il raconta toute l’histoire : il se trouvait tout près des œufs quand Bébé Hibou, accompagné de Corbeau et de la Pie s’étaient approchés. Comme ces grands oiseaux lui avaient fait peur, il s’était caché derrière une feuille d’ortie. De là, il avait pu tout voir et tout entendre. Il avait alors été témoin du mauvais tour joué par les deux gredins : il avait vu Corbeau et la Pie demander à Bébé Hibou d’aller chercher les œufs, en lui faisant croire qu’il s’agissait de boules de bowling, et entendu les deux compères rire sous cape à la perspective d’un si délicieux repas, obtenu sans prendre aucun risque. Et il était encore là quand tous deux s’étaient enfuis à l’arrivée des gendarmes. La vieille Corneille était furieuse, et traita le roitelet de sacré menteur ! Mais le coq du château prit la parole et de sa voix rauque, ajouta qu’il avait aperçu, à l’heure où le larcin avait été commis, Corbeau et la Pie s’envoler précipitamment au dessus de la haie.

Ces deux témoignages emportèrent l’affaire : Bébé Hibou fut déclaré hors de cause par le jury. La Corneille rassembla en toute hâte ses dossiers et s’éclipsa en douce. Corbeau et la Pie filèrent sans demander leur reste, et sans tenir compte des avertissements d’un gendarme qui les menaça de sa matraque.


Le procès du petit hibou William Foster Traduction de L'Arche de Noé des contes

Bébé Hibou, quant à lui, regagna son petit nid, dans lequel ses parents l’attendaient. Son papa et sa maman furent tous deux fous de joie de son retour. Cette amère expérience l’avait fait grandir, même si elle lui avait causé du chagrin. La compensation arriva cependant très vite : toute la famille Hibou fut désormais bienvenue au château, où le jeune châtelain l’autorisa à chasser la foule de souris et de mulots qui peuplaient les immenses greniers !


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